France Insoumise - Benelux

France Insoumise - Benelux

Nous avons déménagé, retrouvez-nous sur notre nouveau site https://lafrance-insoumise.be

Après la primaire : Valls tombe à l'eau, qui reste-t-il?

Publié par Lucien H. sur 30 Janvier 2017, 08:28am

Au lendemain de la primaire solférinienne les médias s'empressent de présager une élection à leur convenance, faisant fi des dynamiques politiques ainsi que des propositions des différents candidats pour préférer un combat des chefs sur base de sondages plus instables les uns que les autres.

Pourtant si les cartes semblent rebattues après ce dimanche 29 janvier, ce qui se déroulera dans les mois à venir reste totalement imprévisible. Contentons-nous d'établir des constats et de lever des questions cruciales pour l'avenir de ces élections, auxquelles les semaines à venir donneront naturellement réponse.

Fin de l'ére Vallsiste ... en apparence

Il est maintenant acquis que le gouvernement de la sociale-démocratie autoritaire et stigmatisante dirigé par Manuel Valls est mis tout bonnement à la porte. Monsieur Hollande n'ose se présenter connaissant d'avance son échec et son bras armé Monsieur Valls est aujourd'hui de fait écarté de la course présidentielle.

Ce dernier pourtant reste un des acteurs de la politique française et notamment du parti socialiste. Sa trajectoire et son appui lors de cette campagne pèsera donc dans un sens ou dans un autre  sur les campagnes des uns et des autres. Sa position au lendemain de cette primaire reste pour le moment inconnue.  Un ralliement à Benoît Hamon reste possible mais on constate qu'un certain nombre de députés socialistes apportent d'ores et déjà leurs soutiens à Emmanuel Macron. Dans le premier cas, le candidat qualifié à l'issue de la primaire du parti socialiste devra clarifier son projet politique. Comment en effet rassembler le parti socialiste autour d'un programme qui, au moins en apparence, se veut radicalement opposé à celui de Manuel Valls, tout en fédérant derrière lui l'ensemble des candidats de la primaire? Benoît Hamon sera donc amené soit à se passer du soutien d'une partie de sa formation politique, soit à revoir sa copie, notamment en matière de politique sociale.

Dans le cas ou Manuel Valls se décidait à soutenir E. Macron, se dernier se prévaudrait de plus belle de rassembler l'ensemble de l'échiquier politique libéral-social-démocrate. Benoît Hamon sera alors poussé à se démarquer, mais comment? Piocher un peu plus dans le programme de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise, "L'Avenir en commun"? Mais comment s'en démarquer alors? Se désister pour Jean-Luc Mélenchon? Recentrer son discours afin de concurrencer Mr Macron? Prendre le risque de rester sur un créneau intermédiaire au risque de faire perdre la gauche?

Dans tous les cas de figure, la situation devra évoluer d'une manière ou d'une autre et nul ne peut dire aujourd'hui ce qu'il en sera.

E. Macron et B. Hamon, les deux survivants du quinquennat Hollande

Se prévalant tout deux d'un renouveau en politique, Benoît Hamon et Emmanuel Macron ont pourtant participé pendant plusieurs années au quinquennat de François Hollande. Une participation qui n'est pas sans conséquences puisque, aussi bien en matière de finances publiques, que de précarité, de manque de moyens de l'éducation, de budget de la recherche publique, les deux hommes politiques ont eu amplement l'occasion de faire leur preuve au sein du gouvernement passé. Si Emmanuel Macron a quitté le gouvernement avant sa chute pour des raisons évidemment stratégiques, Benoît Hamon l'a quant à lui défendu jusqu'au bout, content de son statu de "frondeur" à l'assemblée, qui lui permet d'adopter une posture apparemment critique, tout en soutenant un bilan gouvernemental qui est en partie le sien.

Cette posture de l'un et l'autre des survivants au quinquennat Hollande leur permet de se démarquer de leurs collaborateurs de ces cinq dernières années mais ne peuvent pas effacer les faits. L'ubérisation de la société opérée par E. Macron est un désastre pour les conditions de travail des français, la loi El-Khomri va précariser l'ensemble des travailleurs à long terme. Benoît Hamon n'a quant à lui pas voté la motion de censure déposée par la droite lors de l'emploi de l'article 49.3 à cette occasion. Les 60000 postes d'enseignants promis par François Hollande en 2012 sont loin d'avoir été ouverts sous le ministère Hamon qui pourtant continue d'entretenir le mirage de quelques dizaines de milliers de postes créés qui ne sont en fait pour grande partie que des postes de stagiaires et de contractuels.

>> Voir aussi : Où sont les 60.000 postes promis dans l'éducation?

La question du bilan sera abordée durant la campagne et les candidats mis faces à leurs responsabilités passées, maintenant que les festivités complaisantes des candidats à la primaire à l'égard du parti socialiste sont bien terminées.

Que se cache-t-il dans le programme de B. Hamon?

Benoît Hamon sort aujourd'hui vainqueur de ce qui était pour lui la première phase de cette élection pendant que d'autres à gauche ont avancé. La France Insoumise que nous défendons a publié son programme depuis maintenant deux mois qui ne cesse d'être peaufiné par la création de livrets thématiques, et confrontera donc pendant les trois prochains mois ses propositions à celles des différents candidats.

>> Voir aussi : Les Livrets Thématiques de l'Avenir en commun

Nous détaillons ici quelques uns des points sur lesquels tout électeur devra être vigilent en écoutant le candidat solférinien exposer son programme dans les semaines qui viennent...

Une sixième république bâtie pour le peuple par...les politiciens

Le thème de la sixième république est abordé dans le programme de Benoît Hamon. Une république qui donne un peu plus de pouvoir à la citoyenneté sans aller trop loin pour autant. Pas de référundum révocatoire, une simple limitation du 49.3, des réformes symboliques (dont nous ne critiquons pas la portée), mais qui reste dans l'ensemble un ajustement de la cinquième république. Par ailleurs cette nouvelle république ne sera construite que par Benoît Hamon et son équipe, puis discutée par les parlementaires, mais certainement pas construite par le peuple. Nous proposons au contraire l'élection d'une assemblée constituante, constituée de membre n'ayant pas de conflits d'intérêts, chargée de synthétiser les doléances des citoyens et dont le seul but serait de rédiger une nouvelle constitution.

Un moratoire mais pas de renégociation des traités

Le thème de l'Europe est abordé dans le programme du candidat socialiste. Moratoire sur le TSCG, sortie du CETA, harmonisation fiscale, mais sans vrai renégociation des traités. Notre constat est sans appel, l'europe telle qu'elle est construite ne peut pas fonctionner pour le bien des peuples. La BCE en contrôle le système financier et le système bancaire privé en tire un profit énorme. Par ailleurs Benoît Hamon n'envisage pas le cas d'un refus de la part de l'Union de toute négociation, et ne se donne pas la possibilité d'un plan B comme nous le proposons. Un moratoire pieds et poings liés donc, ce qui ne présage rien de bon dans les négociations. Rappelons que François Hollande avait promis de renégocier le TSCG en 2012 sans en avoir pourtant changé une ligne...

De l'écologie financée par...la finance!

L'écologie est au coeur du programme de l'avenir en commun. Non seulement comme impératif pour la survie de l'humanité, mais également comme moteur économique pour la reconstruction et la réhabilitation du pays et de notre planète dans le siècle à venir. Benoît Hamon entends lui faire des avancées d'un point de vue écologique mais en restant pour beaucoup à des propositions légères. Dans la rubrique "Objectif 50% d'énergie renouvelables dès 2025", dont l'emploi du terme "objectif" laisse penser qu'il ne sera pas atteint, on ne lit simplement que " Je créerai une aide pour permettre aux citoyens de s’équiper en matériel de production d’énergie renouvelable domestique. "!! Décevant pour quelqu'un qui se veut écologiste et qui ne prend visiblement pas la mesure du désastre écologique, opéré non seulement par la consommation particulière mais également par celle l'industrie! Mr Hamon ne voudrait-il pas s'attaquer au marché? Pas de sortie du nucléaire prévue non plus, un simple "[accompagnement de] la décentralisation de la production d’énergies vertes". Pas un mot sur la règle verte que nous comptons constitutionnaliser comme devoir inaliénable de l'Homme : "ne pas prendre à la Terre ce que l'on ne sait reconstituer". Enfin comment financer les projets écologiques de Benoît Hamon? Grâce à la finance! TVA différenciée pour une politique de l'offre verte. La finance on le sait ne se soucie que d'argent et la déforestation employée pour la production de bio carburant l'a bien montré... Rien à voir donc avec la planification écologique que nous proposons.

Fiscalité : un choc de simplification à la Hollande

On pourrait attendre comme financement de l'investissement publique promis par le candidat des propositions sérieuses concernant la fiscalité. Pourtant le site du candidat ne consacre qu'un petit paragraphe à ce propos, dont les seules propositions concrètes sont la fonte de la CSG et de l'impôt sur le revenu et l'augmentation du nombre de tranches sans pour autant dire de combien (nous en proposons 14 au lieu de 5). Une réforme qualifiée de "Révolution fiscale" par le candidat mais où les mots "plus juste", "équitable" n'apparaissent pas. A la manière d'un Emmanuel Macron, le système actuel est simplement qualifié de "complexe, illisible et régressif". Un choc de simplification à la Hollande donc, si peu précis qu'on peut douter de ce qu'il en sera...

Cette primaire est maintenant une donnée de ce qui va se jouer dans les mois à venir. Les enjeux sont définis et les positions vont se préciser. À chacun de saisir ici ou là ce qui est affirmé par les uns et les autres et de décider de son bulletin de vote en connaissance de cause. Nous continuerons de vous proposer des pistes de réflexions et ne cesserons de vous inviter à vérifier par vous-même les information dont nous nous faisons le relais.

Les mots ont un sens et les programmes politiques aussi, ne laissons pas les belles formules, les sondages et les sentences médiatiques nous en détourner.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article